Intervention d’urgence au Liban

Comment Medair a-t-il adapté son programme suite à l’escalade du conflit dans le sud du Liban?

Le conflit le long de la frontière sud du Liban depuis le 8 octobre 2023 s’est considérablement intensifié en septembre 2024, faisant plus de 3’800 morts et 1,4 million de déplacés, la plus grande crise de déplacement du pays. Cela a entraîné des frappes aériennes dans tout le pays et une invasion israélienne transfrontalière, qui ont causé des dommages importants aux infrastructures et contraint de nombreuses personnes à fuir leurs maisons. Beaucoup ont trouvé refuge dans des écoles qui avaient été transformées en abris collectifs.

En réponse aux besoins croissants de la population, Medair est rapidement passé d’un programme régulier à une intervention d’urgence, intensifiant ses efforts pour répondre aux besoins fondamentaux des personnes touchées. Cela a notamment consisté à gérer un immense entrepôt de 8’000 m2 du HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui a servi de centre humanitaire pour de nombreuses organisations d’aide, fournissant des articles essentiels tels que des couvertures et des matelas en première réponse.

En outre, des bénévoles communautaires formés par Medair ont apporté une aide psychologique d’urgence aux personnes touchées par des événements traumatisants, vivant dans des abris collectifs et dans des centres de santé. Notre organisation a également élargi son offre de soins médicaux en ajoutant quatre centres de santé supplémentaires aux deux que nous soutenions déjà dans les zones à forte affluence de patient·es déplacé·es. En plus de servir les personnes présentes dans le centre lui-même, chaque centre a desservi plusieurs abris collectifs dans leurs zones de desserte grâce à des équipes médicales mobiles.

« Nous nous soutenons et nous nous entraidons. J’ai peur que nous nous adaptions aux conditions de vie actuelles et c’est quelque chose que nous ne voulons pas. Nous voulons rentrer chez nous ».

Marwa, membre d’une communauté libanaise déplacée à l’intérieur du pays, a trouvé refuge avec sa famille dans une école transformée en abri collectif.

Comment le conflit a-t-il affecté le travail et le personnel de votre organisation?

Pour assurer la continuité de nos programmes et la sécurité de notre équipe dans un contexte d’instabilité croissante, Medair a mis à jour son plan de sécurité global, renforcé ses protocoles de sécurité stricts, adapté ses heures de bureau et mis en place le travail à distance en fonction de l’intensité des attaques aériennes, et a temporairement ouvert un nouveau bureau dans un endroit plus sûr. Des évaluations régulières des risques dans les zones à haut risque, ainsi que des briefings de sécurité continus, ont permis à nos équipes de rester informées et de réduire leur exposition au danger. En outre, Medair a maintenu une communication étroite avec les dirigeants locaux, les municipalités, les partenaires et les principaux points focaux au niveau communautaire dans nos zones d’intervention.

Au-delà des défis opérationnels, le conflit a également eu un impact direct sur le personnel de Medair et leurs familles, créant un environnement très stressant, rempli d’incertitudes et d’insécurité. Le coût émotionnel de la souffrance de collègues et de communautés a contribué à la tension mentale et à la fatigue. Malgré ces défis, notre organisation est restée engagée à fournir une aide humanitaire, en s’adaptant continuellement à l’évolution de la crise tout en donnant la priorité au bien-être du personnel et des communautés que nous servons.

« Pour poursuivre notre travail avec intégrité, nous devons aller au-delà de l’action et de la réflexion, nous devons également prendre soin de notre bien-être. (…). Pourtant, même si nous cherchons à nous renouveler, les exigences persistent, tout comme notre engagement.

Anna Chilvers, Directrice de Medair Liban

Quel rôle l’approche basée sur la foi de votre organisation a-t-elle joué pendant cette urgence?

Notre approche basée sur la foi a été un phare pour notre équipe au Liban alors qu’elle a dû relever d’immenses défis, et a imprégné notre dernière intervention de compassion, d’espoir et de résilience.

Face à la dévastation et à l’incertitude, notre équipe a puisé sa force dans la prière, dans la solidarité et dans ses communautés, en étant convaincue que même dans l’obscurité, il y a de l’espoir. Ce fondement a soutenu à la fois notre équipe et ceux que nous servons, nous rappelant que nous sommes appelés à être un phare de paix et de service en temps de crise.

Cette interview fait partie du rapport annuel 2024 d’Interaction, qui sera présenté aux membres le 23 juin prochain lors de l’assemblée générale.